La France est bloquée, son économie soufreuse va payer le prix d’une agitation, contre un projet de loi. Un syndicat, la CGT, prend otage l’économie de tout un Etat, alors qu’il est loin d’être le plus représentatif au niveau des élections salariales.

Au Maroc, nous avons eu une journée de grève générale, très peu ressentie, contre la réforme des retraites. On ne peut pas dire que cette grève générale a bloqué le pays. Au Maroc, les syndicats n’ont pas le poids qu’ils prétendent avoir.

La question de la représentativité est importante, les salariés, partout dans le monde, sont de moins en moins syndiqués. Mais ce n’est que la partie visible de l’Iceberg. La véritable question concerne le rôle des syndicats en démocratie, face aux changements, aux variations économiques, qui font que la salariat n’est plus le même que celui du début du 20ème siècle.

Si les syndicats sont moins représentatifs des travailleurs, c’est d’abord parce qu’ils n’ont pas suivi les mutations du monde du travail. On ne fait plus une carrière de 40 ans, dans la même usine. D’autres modes de salariat, sont installés et vont se développer.

Mais ce syndicalisme n’est pas appelé à disparaître, il doit muter. Pour un fonctionnement normal de la démocratie, il est nécessaire que ceux qui n’ont pas accès aux sphères de décision, les travailleurs, puissent s’exprimer au travers d’organisations syndicales. Encore, faut-il que celles-ci soient indépendantes, défendent les intérêts de leurs adhérents, sans tomber dans la politique politicienne.

Au Maroc, nous sommes dans une situation ubuesque. Chaque parti politique a son micro-syndicat. Cela fausse tous les débats, parce que le politique prend l’ascendant. Quel est le taux de syndication au Maroc ? Il est proche de zéro. Cependant, les syndicats sont représentés à la deuxième chambre, une sorte de Sénat, au nom de salariés qui n’y adhèrent pas.

Les syndicats ont un rôle majeur à jouer, celui de corriger les dérives du système, en obtenant des conquêtes sociales pour les travailleurs.

C’est un rôle salvateur, pour l’économie de marché, parce qu’il permet sa continuité. Mais la perversion, c’est quand ce pouvoir de contestation devient un frein à toutes les réformes et prend en otage la démocratie.

Au Maroc, le problème est différent. Nos syndicats sont faibles, peu représentatifs, trop nombreux, tous, sauf l’UMT, liés organiquement à un parti politique et c’est un drame.

Le Maroc en transition, a besoin, d’un mouvement syndical à l’allemande, c’est-à-dire capable de comprendre les enjeux économiques, sectoriels, d’accepter les efforts quand il le faut et de revendiquer les avancées quand les perspectives le permettent. Cela constituerait un atout pour la démocratie.

 

Patron de presse marocain, administrateur de plusieurs think-tanks à Washington

Source originale : http://www.huffingtonpost.fr/ahmed-charai/quel-syndicalisme_b_10221294.html#

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